vendredi 31 mai 2013

Natures mortes au thé.

Hello dears,


Parmi mes peintures préférées figurent les paysages et les natures mortes/vanités. Ce sont sur ces dernières que je vais me pencher pour ce tea-time.

Je suis loin d’être une spécialiste mais j’aime à penser que ces artistes ont vu dans le thé ce produit du colonialisme et de la puissance occidentale qu’il était jadis, augmentant la portée symbolique de leur toile. Si bien sûr tout n'est pas métaphorique dans la nature morte, et qu’on cherche surtout à mettre en scène ces objets banals du quotidien, la consommation de cette boisson exotique n’avait, à l’époque, rien d’une évidence.

Au-delà du simple attrait esthétique que je ressens pour ce type de peintures, leur symbolique me touche particulièrement. La solitude de l’objet tel qu’il se présente pour l’homme, inutilisé ou en attente de l’être, possède une force qui me bouleverse, et qui, selon moi, se marie bien avec les valeurs que transmet l’art du thé. Si l’homme métamorphose et s’approprie le monde, il ne doit pas oublier que cette domination n’est que passagère, et qu’il est bien loin de posséder un empire incontestable. Dans certaines des toiles qui vont suivre, la table est en désordre, les tasses renversées, le pain émietté, et ensuite ? A quel vaines délices l'homme s’est-il encore attaché ? La fugacité d’une tasse de thé nous rappelle celle des plaisirs et des orgueils, mais nous permet aussi de la dépasser, par son rituel qui invite à la méditation.

Alors, quoi de plus naturel que de partager ici des natures mortes autour du thé ? En voici quelques-unes parmi mes favorites, classées par ordre chronologique. 



Pieter Gerritz van Roestraten, Nature morte au service de thé, XVIIe siècle.



Jean-Baptiste-Simeon Chardin, Nature morte avec théière, raisins, noix et poire, ~ 1764.


Jean-Etienne Liotard, Nature morte : service à thé, ~ 1781/1783


Ecole Française XVIIIe/XIXe siècle, Le service à thé.


Albert Samuel Anker, Nature morte, thé et gâteaux, 1896.


Ben Benn, Nature morte à la théière et aux fleurs, XXe siècle.

Un service à thé possède un très fort pouvoir esthétique je trouve, entre les rondeurs de la théière et les reflets de la liqueur. 
J’espère que ces tableaux vous auront inspirés autant que moi !

mardi 28 mai 2013

Thé box de mai : le Japon à l'honneur.

Hello dears,


Avec un peu de retard (j’en suis désolée…), voici mon compte-rendu sur la Thé Box du mois de mai, sur le thème des thé japonais (petite piqûre de rappel au cas où : la Thé Box est un site Internet qui propose chaque mois un assortiment de thés pour 15€50 FDP compris. On choisit de s’abonner pour 1, 3, 6 mois ou un an, et les Box sont expédiées chaque 15 du mois).
Au début assez emballée par le choix proposé, j’ai depuis légèrement déchanté, non pas que les variétés proposées soient mauvaises, simplement peu m’ont réellement séduite. C’est sans doute la raison pour laquelle j’ai mis autant de temps à rédiger ce compte-rendu : il est aisé de critiquer ce que l’on n'aime pas, agréable de parler de ce que l’on aime, bien plus difficile, en revanche, de décrire ce qui ne nous a pas laissé grand impression.
Heureusement, tout n’est pas entièrement gris.


De haut en bas et de gauche à droite : Langues de chat Cha no Ka, bonbons de matcha du Palais des Thés, genmaicha et hojicha de Yamamotoyama, matcha et kukicha de Clearspring, soba cha, popcorn tea et lemon ginger de Teapigs, thé des écrivains japonais.
Figurait également dans cette box un dépliant assez intéressant sur les origines de thé japonais, une feuille d'origami et les traditionnelles cartes postales de la Thé Box.

Pas de commentaires sur le thé des écrivains au fort arôme de cerise car je n'aime pas la cerise, petite déception sur le soba cha (thé ou plutôt infusion de sarrasin) qui me tentait beaucoup mais au goût peut-être trop subtil pour moi (j’aurais mieux fait de garder son contenu pour donner un peu de croquant à mes desserts), les deux genmaichas m’ont paru assez ternes, le lemon ginger sans grand intérêt… Bref, c’était  assez mal parti, mais comme dans les contes de fées, tout finit par s’arranger.

Première bonne surprise : le matcha de Clearspring.

Le matcha est un thé vert broyé en poudre que l’on consomme directement mélangé à l’eau, traditionnellement en le fouettant pour lui donner une belle et bonne consistance onctueuse. Ici, il est mélangé à du sencha… en sachets. Pas de belle onctuosité donc, mais un thé très savoureux tout de même. Ce thé, comme le kukicha dont je vais parler ensuite, vient de la Clearspring, une maison de thé anglaise spécialisée dans le thé japonais (et dont certains mélanges sont biologiques). Leur site Internet est agréable à parcourir et plutôt bien documenté sur la provenance de leurs thé, un bon point à mes yeux !


Je l’ai bu en mangeant quelques noisettes, et le mélange était idéal. L’aspect un peu rugueux des noisettes révélait complètement le goût fruité du matcha/sencha, sans aucune amertume. Je pense que ça peut être délicieux également avec du fromage (j’ai testé récemment un gouda de lait de chèvre avec lequel il irait très bien, à mon avis). Le thé est trop souvent réservé aux instants sucrés, sauf peut-être dans les restaurants asiatiques, alors qu'il se marie sans problème avec des produits plus « occidentaux » comme le fromage ou la charcuterie.

Double bonne surprise : le kukicha de Clearspring et les Cha no Ka.

Le kukicha est un thé que je ne connaissais absolument pas, composé des tiges du théier, ce qui le rend très pauvre en théine. Là encore, il est dénué de toute amertume, presque iodé tout en gardant un goût très végétal et organique. 


Quant aux Cha no Ka, ce sont des langues de chat au matcha qui entourent une fine tablette de chocolat blanc. Un délice qui se mange trop vite. J’ai cherché où en racheter, en bonne Parisienne j’en ai trouvé à la Grande Epicerie de Paris, mais le prix est délicieux, lui aussi (10 euros les 15 biscuits. Hum, d’autant que comme ils sont bons, ils ne durent pas très longtemps.) Ce sera pour une occasion très spéciale… Ou simplement un doux souvenir. 

Hojicha de Yamamotoyama.

Maison de thé apparemment légendaire fondée en 1690, Yamamotoyama est implantée aux Etats-Unis, au Brésil, en Grande-Bretagne et en Chine. Pour nous autres francophones, il nous reste Internet, ou la Thé Box de mai.
Leur genmaicha ne m’a vraiment pas emballée (serait-ce un sacrilège ?), mais le hojicha en revanche m’a bien plu. C’est un thé dont le nom ne me disait rien mais que j’avais en fait déjà eu l’occasion de goûter. D'après mes brèves recherches, c’est un thé de basse qualité, composé des feuilles de fin de récolte, que l’on torréfie à haute température. C’est un peu sucré et fumé, proche du goût du miel. Le livret de la Thé Box précise que c’est un thé qui peut être bu par les enfants étant très digeste et faible en théine. Tout comme pour le kukicha, je reste un peu évasive sur le sujet car j’espère avoir prochainement l’occasion d’en parler plus longuement.

Pour résumer

Peut-être plus de pistes de recherches que de véritables coups de cœur dans cette Thé Box que j’ai tout de même bien appréciée pour les découvertes que j’y ai faites. Je vois dans le hojicha un excellent thé d’automne  ou d’hiver avec ses arômes de miel, et la fraîcheur du kukicha le rend parfait pour se désaltérer dans la chaleur de l'été. 
Un petit mot aussi sur les bonbons au matcha, qui m'ont curieusement fait penser aux hopjes, bonbons au café que vous connaissez forcément si comme moi vous avez passé votre enfance dans le Nord, en Belgique ou aux Pays-Bas, même si ma préférence va à ces derniers. Dès lors je préfère vous les recommander au détriment de ceux au thé, un petit comble pour ce blog, mais à chacun ses petites contradictions !

Si vous aussi vous avez reçu cette Thé Box, n’hésitez pas à m’en laisser un petit mot dans les commentaires !
Je vous souhaite une bonne semaine,
Hana B.

vendredi 24 mai 2013

Le T.T.T., ou Tea Tower Test.

Hello dears,

Une de mes amies a récemment partagé ce bon plan : le site de Tea Tower offre cinq échantillons de ses thés sans obligation d’achats. Il vous suffit de flâner entre les différentes variétés proposées, remplir votre panier de cinq échantillons, et le tour est joué. Vous n’aurez à payer que les frais de ports, d’environ 3,50 euros si vous habitez en France métropolitaine.
Evidemment je ne me suis pas fait prier longtemps pour commander mes cinq échantillons, qui sont arrivés au bout de trois jours. Bonne surprise lors du déballage : le thé est en vrac, et chaque échantillon contient l’équivalent d'une théière pour deux personnes. Bonne idée que de prévoir assez pour partager ! Mais ces thés valent-ils le détour ? *roulements de tambour*

NB : ce qui suit n’a, bien sûr, aucune prétention à l’universalité. Le goût de chacun est seul maître dans la dégustation. 

Thé n°1 : Calme des Grillons.


A quoi cela ressemble : C’est un thé Oolong plutôt oxydé mélangé à de la lavande, de la mélisse et de l'angélique. Les feuilles du thé et des autres plantes sont jolies et conséquentes. Pas de broyage grossier ou darômes artificiels. La liqueur est dun ocre brun qui se confondrait presque avec la couleur du bois.
Le goût : Puissant, très fumé. Son parfum me fait penser à un mélange de bois humide et de réglisse. Je ne suis pas très friande de réglisse…
En commanderai-je à nouveau ? Non. Je ne suis vraiment pas convaincue par ce parfum de réglisse qui me gâche le parfum du thé et de la lavande. En revanche j’ai bien aimé la sensation de vieux grenier qui s’en dégageait. Si vous appréciez passer vos après-midis d'automne à lire dans les combles et que la réglisse ne vous rebute pas, ce thé est fait pour vous.

Thé n°2 : Kwai Wulong.


A quoi cela ressemble : Un autre thé Oolong, aux feuilles complètes, légèrement oxydées, roulées sur elle-mêmes (elles ressemblent à de petits bourgeons). Il est parfumé aux fleurs d’osmanthe, un petit arbuste aux fleurs proches du jasmin. C’est, semble-t-il, un mélange assez répandu en Orient, mais bien moins connu en Occident. La liqueur est d'un beau doré foncé.
Le goût : Tout d'abord, lodeur, surprenante, très iodée. Ma première réaction a été : « C'est fou, on dirait de la soupe miso ! ». En vérité, c’est loin d’être aussi salé. Le goût est vraiment proche de celui d'un thé vert,   jute fumé.
En commanderai-je à nouveau ?  Pourquoi pas, oui. Ce thé me paraît parfait pour accompagner un petit déjeuner copieux avec œufs brouillés et charcuterie.

Thé n°3 : Nectar du Bengale.

(Je n’ai pas réussi à avoir de meilleure photo, désolée…)

A quoi cela ressemble : Cette fois-ci, c’est un thé noir avec de la banane, de l’ananas, de curcuma, de jasmin, de rose et d’osmanthe. Les morceaux de fruits sont gigantesques, j’étais en extase devant un énorme morceau de banane séchée. La liqueur est classique pour un thé noir, brun sombre.
Le goût : Chose très curieuse, j’ai réalisé un peu après avoir bu ma tasse que j’avais déjà goûté ce thé via une Thé Box, que je l’avais bien aimé à l’époque, mais ici, en revanche, je l'ai trouvé particulièrement fade…Trop de parfums tuerait-il le parfum ? On sent très moyennement la banane et l'ananas, un peu le jasmin, mais c’est tout. Je ne comprends pas ce qui a changé par rapport à ma précédente dégustation, l'aurais-je mal infusé ? Une double déception, par rapport à mes souvenirs, et par rapport à l'arôme si particulier du Kwai Wulung bu juste avant.
En commanderai-je à nouveau ? Je suis tentée, plus pour avoir un avis définitif sur la question que pour autre chose. Je suis perplexe sur le double discours que mes papilles tiennent dessus. Affaire à suivre, donc.

Thé n°4 : Rose de Solyama.


A quoi cela ressemble : C’est un Sencha aux pétales de roses, grand classique des thés verts parfumés. Les feuilles ont un bel aspect, la liqueur est claire, proche d'un joli péridot
Le goût : Difficile de se tromper avec un tel basique ! La légèreté du thé vert se marie très bien avec l’arôme plus soutenu de la rose, sans que ce dernier ne cache complètement celui du thé. Une combinaison qui coule de source, en quelque sorte.
En commanderai-je à nouveau ? Pourquoi pas. C’est un classique qui manque peut-être un peu de personnalité, mais qu’on peut redécouvrir chaque fois avec plaisir. Pour autant, quitte à boire un thé à la fleur entêtante, ma préférence va au jasmin.

Thé n°5 : Fleurs de Whist.


A quoi cela ressemble : Un deuxième thé noir mêlé de bergamote ainsi que de pétales de rose et de bleuet. Encore une fois, les pétales sont entiers, pas d’arômes artificiels : sur cet aspect, chacun de ces thés marque un gros point. Toutes les maisons ne sont pas exemptes de ces arômes généralement trop puissants et qui dénaturent complètement le thé de base.
Le goût : Curieux. C’est à la fois terne et très parfumé, totalement dans le thème d’un thé aux senteurs un peu désuètes. Je le trouve particulièrement bien pensé et dosé, mais terriblement difficile à décrire, en revanche…
En commanderai-je à nouveau ? Et comment ! J’ai été totalement conquise par cette liqueur surannée, qui me fait penser à une eau de Cologne typique de nos grand-mères. J’imagine que ce doit être très réconfortant d’en boire une bonne tasse pendant une journée pluvieuse, avec un riz au lait tout aussi terne et parfumé que ce mélange floral… Une belle découverte, donc !

Pour résumer, une belle opération marketing de la part de Tea Tower qui, de plus, n’a pas oublié de glisser dans ma commande un bon de réduction de 15% sur mon prochain achat. On veut me pousser au vice, mais au moins ça en vaut la peine !

Si vous aussi vous succombez à la tentation, n’hésitez pas
à me laisser vos avis en commentaires ! Et sur ce, à lundi prochain !
Hana B.

P.S. Tous mes remerciements à mon amie Camille pour la bannière !

lundi 20 mai 2013

Un tea-time avec... Soleil d'Hiver.

Hello dears,

Hier, ce fut jour de fête. Le frère de ma moitié fêtait son anniversaire, et nous avons pu boire et manger à satiété. J’ai réussi à sauver une part de gâteau, et j’ai décidé d’en faire mon quatre-heures (vers 23 h 30. Il n'y a pas d'heure pour la gourmandise).


Pour cette semaine, j’ai jeté mon dévolu sur thé aux écorces d’orange et à la cannelle, le Soleil d’Hiver de Betjeman and Barton. Orange et thé noir est un duo qui fonctionne assez bien, la légère acidité de l’orange atténuant un peu  l’amertume du thé noir tout en restant assez discrète. 
Comme souvent pour les thés parfumés, la maison ne donne pas d’indications très précises quant au type de thé noir utilisé pour la préparation, on sait simplement qu’il s'agit de thés de Chine et de Ceylan. Ce genre de précisons qui n’en sont pas vraiment me fait toujours un peu sourire.



Le gâteau en question était un gâteau aux trois chocolats, soit trois étages de mousse de chaque sorte recouverts de crème au chocolat blanc. Pour être honnête, je n’ai jamais été une grande fana de gâteaux au chocolat, je les trouve souvent trop lourds et trop sucrés. Celui-ci n’a pas vraiment fait exception à la règle, mais ce que je juge être un trop-plein de sucre est largement équilibré par l’amertume du thé noir, qui d'habitude me rebute toujours un peu. C’est amusant comme deux saveurs qui sont loin d'être parmi mes préférées lorsqu’elles sont prises séparément peuvent se combiner de la meilleure des manières.
Très honnêtement, je trouve que ce thé-ci n’a pas grand intérêt. Autant faire infuser son thé noir préféré (dont on connaît avec certitude la provenance…) avec quelques zestes d'orange et un peu de cannelle. Mais il aura eu au moins le mérite de se marier parfaitement avec mon gâteau et de me permettre de finir ma journée sur une note agréable.

 Je vous souhaite plein de tea-times harmonieux pour cette semaine !

vendredi 17 mai 2013

Un peu de lecture

Hello dears, 

Après cette petite pause d'une semaine due à de bien salutaires vacances, j’ai décidé de faire un article un peu différent des autres et ne pas y parler exactement de thé, mais plutôt de partager l'un passages d’un livres qui m’a beaucoup marquée dans mon apprentissage autour du thé, à savoir Le Livre du thé de Jean Montseren. Cest un ouvrage que je recommande avec chaleur, car non seulement on y apprend beaucoup quant à l’aspect pratique, mais en plus la seconde partie est dédiée à quelques réflexions de l’auteur autour du thé mais aussi des relations humaines et de notre propre existence. Si j’aime le thé pour son goût, je l’apprécie beaucoup également comme point de départ à la réflexion… les deux me paraissant complémentaires.

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Technicités et fuites.

Certains goûteurs piqués par je ne sais quelle mouche ou peut-être en mal d'une reconnaissance « incontestable » utilisent la « fuite en technicité ».
Considérant que l’« impalpable » (le personnel, l'intime, le subjectif… la dimension profonde de la dégustation) est contestable et que, par conséquent, le « palpable » est incontestable, ils usent exagérément de paramètres techniques et pseudo-scientifiques. Arrêter l’eau frémissante à tel degré précis ou faire infuser le thé à la seconde près semblent prendre plus de valeur et plus de sérieux que de faire ces actes « d’instinct ». La « fuite en technicité » est une perte des critères de tolérance et le rejet de toutes les conditions s’éloignant d’une situation ou d’un environnement standard et idéal.
Il existe également l’attitude inverse, la « fuite de la technicité » : rejeter la technicité et ne parler que d’expérience. Dans ce cas, la technicité est vue comme un élément capable de déstabiliser ou de délégitimer l’empirique : supprimer tout objet et toute raison d’être à l’expérience.
C’est pourtant difficile de mettre en péril l’expérience de l’« ayant existé »… Tant de gens s’y accrochent tellement pour se donner à bon compte un sentiment d’évolution et d’évaluation…
Ce que nous pouvons constater dans cette « fuite en technicité » ou cette « fuite de la technicité », c’est une seule et même « rigidification » occasionnée par la recherche d’une reconnaissance incontestable.
En effet, pour beaucoup, plus ils pratiquent longtemps une activité, plus ils perdent en souplesse. Une remise en question, même légère, prend alors la forme d’un désaveu, d’une défiance.
Evidemment, vous et moi, nous préférerons penser que la pratique, au contraire, nous apporte une capacité d’adaptabilité et de compréhension.
La justesse ne saurait être offerte par une attitude extrême ou, tout simplement, motivée par un orgueilleux désir de reconnaissance personnel. Il existe une part de technicité qu’il convient de ne pas accroître ou diminuer.
Cette part, en elle-même assez importante, est souvent un motif d’étonnement pour le néophyte. L’acte de préparer un thé devait figurer, dans sa hiérarchie des gestes, comme un « geste mineur » car quotidien, sans prestige social évident... Telle devait être sa conception avant qu’il ne réalise qu’il n'existe pas de geste mineur ou majeur et que tous demandent, au moment de l’action, une prise de conscience. En effet, il ne pensait pas que cet acte puisse nécessiter autant d’attention et de précision.
Partant de là, de ce choc premier, c’est tout son regard sur « les-petites-choses-qui-nous-entourent-dans-la-vie-de-tous-les-jours » qui va s’approfondir et devenir bienveillant. Le lieu et le temps où il vit en seront changés, nouveaux. Comme un voyageur qui décide soudainement de porter attention aux autres voyageurs, ces compagnons de mouvements.
Mais à chaque pas demeure la possibilité de trébucher. Cela serait une erreur dommageable que de penser qu’après cette première étape le néophyte progresserait en intensifiant, en rigidifiant sa technique. Elle doit, au contraire, avoir un caractère spontané, naturel, vécu, philosophique…
La technicité, comme nous l’avons vu, est un écueil pour chacun d’entre nous, du néophyte au goûteur, si nous l’utilisons en faire-valoir ou en centre de gravité de notre pratique. L’essentiel est de lui reconnaître et de lui accorder la place qui est la sienne, sans la négliger ni la surévaluer.
En travaillant cela, l’apprenti progressera.

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L’équilibre est à mon sens une valeur essentielle de l’existence, quoique terriblement difficile à acquérir. J'aime l’humilité qui se dégage de ce passage, que ce soit sur nos propres capacités mais aussi sur le rapport que nous avons face à la connaissance et la technique. Le thé fait partie de ces instants qui semblent faciles de s’approprier, mais qu’il est ardu de réaliser à la perfection. Continuons de le savourer, mais surtout aimons  le préparer, car ce n’est qu’ainsi que nous atteindrons l’équilibre. 

Dès lors, profitez bien de vos thés du week-end ! 
Hana B.

lundi 6 mai 2013

Un tea-time avec... de l'eau de fruits.

Hello dears,

Cette fois-ci, pas de thé mais une tisane un peu particulière : de l'eau de fruits. Derrière cette appellation poétique se cache tout bêtement une préparation à base de fruits juste séchés au four et de quelques plantes aromatiques.


La mienne est l'eau de fruits Pensées de la maison Betjeman & Barton. C'est un mélange de fleurs d'hibiscus, de pomme, de citronnelle, de cardamone et de pétales de roses. Les morceaux sont généreux et parfumés ; pas d'arômes artificiels ici. L'eau frémissante est à peine versée dans le filtre que les senteurs des fleurs et des épices se font plus présentes dans l'air, présage sympathique du goût de la liqueur à venir.


Le temps d'infusion est assez libre, tout dépend de si l'on souhaite une boisson légère ou corsée. Personnellement je laisse généralement mes eaux de fruits infuser entre 4 et 6 minutes. C'est une boisson que je déconseillerais pour le matin ; mieux vaut, à mon sens, la réserver pour une partie de la journée où le palais est bien réveillé et le cerveau capable d'apprécier la légèreté de ses parfums. La fin d'après-midi serait donc plutôt appropriée, face à un ciel qui perd progressivement de sa lumière et qui incite à laisser gambader ses pensées.

Par exemple...

J'ai certes acheté la mienne en boutique, mais je pense qu'il doit être amusant de faire ses eaux de fruits à la maison, et pourquoi pas tester des mélanges plus ou moins improbables. Mûre, rose et cacao ; citron, pêche et basilic… Ces parfums seraient sans doute plus maladroits que ceux proposés par les maisons de thé, mais après tout c'est dans cette maladresse que loge aussi le plaisir de réaliser certaines choses soi-mêmes. Si je décide de m'y essayer, j'en reparlerai ici ! Et si vous avez des idées de combinaisons, n'hésitez pas à les glisser dans les commentaires.

Sur ce,  je vous souhaite une bonne semaine !
Hana B.

vendredi 3 mai 2013

Un peu de théorie : l'oxydation

Hello dears,

Après avoir vaguement soulevé le sujet dans un précédent article, je me disais qu'il serait intéressant de se pencher un peu plus longuement sur l'oxydation du thé. Pour autant, cet article n'aura pas de réelle vocation encyclopédique, il sert simplement à dessiner les contours d'une étape essentielle à la maturité de certains thé et d'un début de réflexion sur la façon dont on doit en conserver les feuilles. Chacun vit le thé à sa manière. L'art du thé n'est pas une science, même s'il se doit de prendre en compte des éléments chimiques et donc scientifiques.

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L'oxydation des feuilles de thé influe énormément sur leur goût, c'est pourquoi elle est utilisée dans la préparation de certains thés. Le degré d'oxydation déterminera la couleur de la feuille, de la liqueur, etc. etc. Les thés blanc, vert et jaune ne subissent pas d'oxydation, ce qui n'est pas le cas de... tous les autres.

L'oxydation est un processus naturel qui se manifeste plus ou moins rapidement selon les matériaux, selon la luminosité et le taux d'humidité de l'air. La rouille est une forme d'oxydation, par exemple (voyez comme j'ai bien retenu mes cours de chimie du collège !). Une oxydation accidentelle survient à la cueillette, qui varie selon la saison et l'altitude, mais une fois passée l'étape du flétrissage, commune à tous les types de thé, l'oxydation deviendra synonyme de mauvaise qualité pour les uns et de valeur pour les autres. Ainsi, le thé noir est un thé entièrement oxydé, et la grande famille des thés oolong réunit des variétés dont le degré d'oxydation varie d'un type de thé à un autre. De la même façon, il existe plusieurs méthodes d'oxydation selon les pays, les producteurs, certaines étant plus ou moins recommandées pour obtenir un thé de qualité. Généralement, elle se fait dans une sorte de grand panier tubulaire, où les feuilles sont plus ou moins abîmées selon le résultat final souhaité.


Ces images, qui sont respectivement celle du Chine Sencha
et du Ceylan Dimbula Metiyagulla de Tea Tower, sont assez éloquentes.

Plus un thé est oxydé, plus son goût est puissant. C'est pourquoi les thés noirs ont généralement consommés avec du lait et du sucre, comme en Inde (c'est le Chai) ou en Grande-Bretagne (un nuage de lait dans mon eau chaude). Ce n'est, bien sûr, en rien une obligation.
Je confesse avoir du mal à boire un thé noir pur, je les préfère parfumés ; mais le tea-time à l'anglaise, avec ses tasses de porcelaine fleurie et ses scones a aussi bien des charmes.

Ce qui fait la caractéristique de chaque thé est la façon dont il a été cueilli, flétri, roulé, oxydé, fermenté. Il me serait impossible, ici, de parler de chacune d'elle, ou alors à très long terme… D'autant que je suis loin de posséder un grand savoir en la manière. Je continue de débuter à chaque instant. Pour autant, je considère que le thé que j'achète a été conçu pour avoir un goût spécifique. Mon Paï Mu Tan s'appelle ainsi parce qu'il obéit à des critères de fabrication qui n'appartiennent qu'à lui, que ce soit par rapport au lieu où il est cultivé, qu'au temps qu'il a passé à être séché. Dès lors, pour pouvoir développer son palais à la grâce de chaque thé, je pense qu'il convient de se rapprocher le plus possible de son goût d'origine, à savoir celui qui suit le plus près la fin du traitement des feuilles. Évidemment, c'est compliqué. Nos thés sont importés, leur goût aura déjà varié entre la fin de la production et le moment où on le retrouvera dans notre tasse – un minimum, mais tout de même. Mais autant faire en sorte d'avoir le minimum de variations entre chaque liqueur, et donc de faire attention à la conservation des feuilles.

L'oxydation étant naturelle, elle continue même après traitement des feuilles, et en altère le goût. On peut retarder l'inévitable en stockant ses thés dans des boîtes à l'abri de la lumière et de l'humidité, voire même, pourquoi pas, en les gardant sous vide, mais comme toute matière organique, elle continuera à s'altérer avec le temps, et ce peu importe les méthodes de conservation. En général, il est recommandé de consommer ses thés dans les 12 mois après achat, mais ceci varie évidemment d'un moyen de stockage à un autre.

On m'a dit récemment : « si l'oxydation fait partie du processus de fabrication, pourquoi ne pourrais-je pas considérer l'oxydation qui survient dans ma cuisine comme suite de ce processus ? ». J'ai trouvé cette question très intéressante. L'oxydation naturelle fait partie du vieillissement d'une feuille. Pour quelques produits, comme certains alcools, le vieillissement est parfois recherché. Ce n'est globalement pas le cas du thé, qui est vendu à sa plénitude (il existe des exceptions, comme pour le Pu erh, mais je préfère m'attarder ici sur les cas généraux). Pour autant on peut, pourquoi pas, préférer un thé au goût altéré par rapport à celui pour lequel il fut conçu, mais quoiqu'il en soit je ne pense pas que l'on puisse dire que c'est toujours le thé de base que l'on aime dans ce cas-là. C'est un peu comme pour le jus de raisin et le vin : on recherche la fermentation chez l'un, pas chez l'autre, et pour peu que l'on aime boire un jus de raisin légèrement fermenté, ce ne sera plus vraiment du pur jus de raisin.

Ainsi, je pense qu'il vaut mieux, au début, essayer d'être rigoureux et conserver le thé afin que son goût varie le moins possible, pour ensuite, pourquoi pas, faire quelques expériences et suivre son goût. Pour autant, je pense sincèrement que le thé que nous buvons a été suffisamment réfléchi pour que nous ayons le respect de conserver sa forme finale le plus longtemps possible.

Si vous avez un avis là-dessus, ou une question sur l'oxydation dans le processus de fabrication du thé, n'hésitez pas à m'en faire part. Je rajouterai peut-être des choses au fur et à mesure dans cet article.

Sur ce, à lundi prochain!
Hana B.